Je me mets au "roller"...

Il y a quelques jours, ma fille a réussi à me convaincre de me mettre au "roller". Ce sont ces étranges patins à roulettes qui compliquent substantiellement la taches du quinqua que je suis devenu et qui n'ont qu'un lointain rapport avec les patins à roulettes de mon enfance.

 

La principale difficulté de ce pas à franchir, n'est pas tant celui de découvrir ce qui rend ma fille accro au roller, mais bien d'accepter de partir de zéro pour entreprendre un long et parfois douloureux apprentissage d'une nouvelle discipline.

Le choix du modèle et des protections étant réglé, je me retrouve immédiatement en position du poulain à peine venu au monde : inconfort et instabilité me renvoient à ma situation d'apprenant, de celui qui prend conscience qu'il ne sait pas faire de roller, alors que je suis excellent VTTiste à la réputation casse-cou auprès de mes amis. je découvre que malgré mes "exploits sportifs dominicaux" de VTTiste, je doute de ma capacité à tenir sur ces satanés rollers.

 

Et là, c'est la cata, ma fille bienveillante à beau me rassurer, j'en prends pour mon égo : je ne suis plus le modèle, je ne maitrise pas les fondamentaux, je ne sais pas si un jour je saurai faire du roller comme j'ai su faire du patin à roulettes il y a 45 ans... et comme elle sait déjà en faire. Le modèle qu'elle impose à ma pratique de débutant est sans appel : "je suis nul en rollers"

 

J'ai perdu mes points de repères dans cette longue maturation de l'apprentissage qui me renvoie à une constante de plus en plus difficile à accepter dans nos sociétés de l'immédiateté : il faut du temps pour savoir. Et ce temps de l'apprentissage doit absolument rester et peser pour ce qu'il est, un temps de l'apprentissage et d'acquisition de "capacités" nouvelles (en l'occurrence ici savoir tenir sur mes rollers et parvenir à suivre ma fille).

 

Souvent nous avons tendance à projeter cette situation d'apprentissage et de maitrise de nouvelles capacités à un tout autre niveau, bien loin de l'humilité de l'élève : celui de notre "identité". Le sens de "l'identité" est ici à rechercher dans les niveaux logiques de Gregory BATESON, anthropologue et philosophe américain qui a travaillé sur les processus d'apprentissage et de changement.

 

En quoi mon incompétence (passagère...) à faire du roller est une remise en question de mon identité et de qui je suis (sur un VTT par exemple...)? Et plus largement, en quoi la prise d'un poste ou d'une fonction, la formation à un nouvel outil, la découverte d'un nouveau client, le responsabilité d'un nouveau projet ne pourraient satisfaire mes valeurs et ma motivation simplement parce que je développe dans ce contexte une croyance limitante, voire bloquante issue de mes capacités non encore maitrisées (le FAIRE) et que je positionne au niveau de mon identité (l'ETRE).

 

Il est nécessaire de comprendre et d'analyser ces situations au regard du feedback conditionnel, celui qui reconnait et valorise le FAIRE et donc se limite au comportement et non au regard du feedback inconditionnel qui s'attache à l'ETRE et donc à l'individu, à la personne.

 

Un cas récent m'a interpellé et est à l'origine de cet article : Ne pas maitriser la posture du coach pour un Manager reconnu pour ses qualités depuis de nombreuses années et qui est en formation au coaching est un constat non pas d'échec de son savoir faire de Manager, mais plutôt un moment de construction sur une compétence complémentaire qu'il est en cours d'acquisition. Ses hésitations, ses doutes, ses premières "chutes de rollers", ne remettent pas en causes les capacités qu'il maitrise déjà et dans lesquelles il démontre le comportement du Manager reconnu de tous. Et pour lequel il reçoit régulièrement des feedback conditionnels positifs. En fait il remettait ses capacités acquises de Manager en question du simple fait qu'il ne maitrisait pas encore la posture du coach pour laquelle il se formait : "en fait je me rends compte que je suis un Manager de m......, que je ne sais pas m'y prendre avec mes collaborateurs..., je suis passé à coté de plein de choses..."

 

Ce chemin est parfois délicat à trouver quand on le cherche seul. Le coaching aide à dénouer, par la prise de conscience, ces confusions qui sapent l'estime de soi et donc la confiance en soi.

 

Quand on devient "consciemment incompétent", c'est que l'on est sur la voie du devenir prochainement : "inconsciemment compétent".

  

Erik DUFOUR

coach certifié

 

 

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